Ma rencontre avec Zifnabb

Je venais d'arriver à l'école des sorcières dans la belle contrée de Baduk. C'était un paysage nouveau, je n'y étais jamais venue auparavant. Je rencontrai plusieurs personnes susceptibles de devenir des amis fidèles, mais la plupart étaient des sorcières et des sorciers vraiment inintéressants... Je présage qu'ils deviendront plus tard des charges contre qui j'aurai à me battre...
Plusieurs semaines passèrent, et arriva une personne masculine... Je me renseignai pour connaître son nom : c'était Zifnabb ! Aussitôt j'appris son nom par coeur. J'ignorais encore à l'époque que c'était un ménestrel hors-pair... Sa personnalité me plût, mais il ne semblait guère s'intéresser à moi ! En effet, il fréquentait mon école et était dans ma classe. Il n'était pas très assidu : chaque vendredi il n'était pas là, et demandait le lundi les cours qu'il avait séché. Cependant, il me semblait bizzare que quelqu'un d'aussi âgé suive nos cours. Un jour, profitant du fait qu'il nous demandait nos cours à recopier sur parchemin, nous entâmames la conversation avec mes amies.
" Pourquoi ne viens-tu pas en cours le vendredi ?" amorçais-je. Amusé, il me répondit qu'il faisait trop la fête la veille, et que son état alcoolisé le faisait dormir jusqu'à la moitié du jour. De ce fait, nous demandâmes aussi pourquoi quelqu'un d'aussi vieux que lui suivait nos cours, réservés d'habitude à des jeunes filles et des jeunes garçons. Il nous répondit : " J'ai besoin d'apprendre la magie pour savoir me défendre un peu mieux, cela m'intéresse et m'amuse en même temps ! "
Je lui proposai alors de venir dans ma petite hutte d'étudiante, pour lui donner les cours à partir d'une machine magique que j'avais mise au point pour éviter de se fatiguer à recopier sur manuscrit. Il accepta de venir dans la soirée. Ainsi, il m'accompagna le soir quand je me décidai à rentrer chez moi. La visite fût pourtant, à mon grand désespoir, très courte ! Je mis en marche ma machine et lui donnai les cours manquants. Pendant ce temps, il inspecta ma pièce à vivre, et une fois ce pour quoi il était venu reçu, il dit en partant : " C'est très bien ici, je reviendrai ", tout en jetant un coup d'oeil dans ma salle d'ablutions. Et il rentra chez lui.
A partir de ce moment-là, je sentis mon coeur battre un peu plus fort pour lui, pourtant je ne le connaissais qu'à peine ! Ses manières d'ours bourru fêtard me plûrent de plus en plus...
Les jours passèrent, et, profitant d'un espace entre deux cours, je sortis mon appareil à musique pour écouter mes morceaux préferés. Zifnabb, prompt à savoir les goûts musicaux de chacun, me demanda quels étaient-ils. Je lui répondis que j'aimais bien ceci et cela, et aussitôt, il me fustigea : " Quoi ? Ces débiles incapables d'aligner plus de deux accords de luth ? C'est une honte que d'écouter ces fientes d'orque ! Je te propose de venir chez moi, et de te prêter des morceaux sur galettes musicales magiques ! "
Je proposai alors de venir pendant la pause du déjeuner, ce qu'il accepta. J'étais toute heureuse ! J'allais enfin découvrir l'antre de Zifnabb !
Arriva l'heure du déjeuner. Nous partîmes chez Zifnabb, dans son minuscule cabanon, qui me sembla bien convenir à sa personnalité. Il choisit parmi ses galettes quelques unes susceptibles de me plaîre, et me les tendit. Je les déposai à mes côtés, tels des trésors plus précieux qu'une écaille de dragon vénérable. Zifnabb ne pût alors réprimer l'envie de s'emparer de son luth, et commença à me chanter ses poèmes lyriques. Je m'assis auprès de lui pour mieux l'écouter chanter. J'étais subjuguée. Mes oreilles étaient transportées par ses mélodies, et mon coeur n'en pouvait plus de battre : j'avais rencontré l'homme de ma vie. Maintes fois pendant son récital, j'eus l'envie de l'embrasser, mais je repoussai à chaque fois le moment... Mais l'heure tournait et nous devions retourner en cours. Nous nous préparâmes à partir, et pendant que Zifnabb tourna la clé dans sa porte pour la refermer, je n'hésitai plus : je l'embrassai !
Malheureusement, il ne voulut point, et détourna la tête... Je venais d'être repoussée par l'homme que je désirais plus que tout au monde en cet instant présent. Aussitôt je m'enquis de savoir pourquoi il avait refusé mon baiser. Il est vrai que je n'avais pas du tout refléchi au fait qu'il pouvait avoir une élue... Je m'en informai, et il m'assura que non. Quel était le problème alors ? Nous retournâmes ensemble vers l'école, un peu gênés, quand tout à coup, je vis que Zifnabb tremblait ! Il était complètement choqué par mon attitude... Je décidai alors d'en rire. Arrivés devant la salle de cours, je lui demandai s'il y avait quand même la possibilité que nous puissions un jour être amants. Il me répondit que oui, que la porte n'était pas fermée. Cette nouvelle me remplit de joie ! Ce n'est pas parce que je ne lui plaisais pas, c'est parce que je l'avais surpris ! J'attendis impatiemment la fin des cours, car je lui dis que j'avais oublié ses galettes chez lui. Bon prince, il me reproposa de retourner chez lui. Là bas, nous mîmes en route un livre magique qui faisait défiler des images et nous le regardâmes toute la nuit.. A un moment, n'en pouvant plus, je pris sa main. Mon coeur battait à toute vitesse devant tant d'audace... Et je l'embrassai à nouveau ! Mais cette fois-ci il ne détourna point son beau visage, que depuis je regarde toujours avec la même frénésie...